[BeT 2021, Jour II]

Je déjeune en compagnie d’homologues pour évoquer des sujets d’avenir qui nous concernent tous, mais qui sont dérisoires par rapport à notre besoin de nous rassurer, plaindre, échanger sur la situation actuelle dans nos métiers, qui n’est pas des plus roses ma bonne dame !
Je retourne télétravailler le cœur un peu plus léger face à l’avalanche des urgences (qui, un mois plus tard, se transforment en amas d’annulations).
La pluie arrive, l’heure de l’apéro également, c’est vendredi tout de même ! Mon planning de la soirée est dense, avec des incontournables aux 4 coins de la ville. Spoiler alert : je n’en ferai finalement rien, sacrifiant sur l’autel du confort mes adorés Antoine Wielemans et Bantam Lyons.
Après un tour au QG, l’endroit idéal pour croiser tout le monde, et où j’ai passé très peu de temps cette année, expliquant peut-être ainsi mon sentiment de n’avoir vu personne, direction le 88 à nouveau.
Deux salles, deux ambiances : Warrior records en haut, Wart en bas, et de la qualité à tous les niveaux !
Des retrouvailles (coucou !) débutent par un Gin’to devant Thérèse. J’avais suivi une table ronde (en visio forcément) qu’elle animait sur la place des femmes dans les musiques actuelles et pour une fois, sur ce sujet qui peut devenir répétitif à force de constats jamais suivis d’actions, ça allait un peu plus loin. Bref, du coup j’avais un peu écouté ses titres et j’étais contente de la voir en live.
Je suis mitigée, la construction du set (on y revient, cf Franky Gogo) n’est pas optimale à mon sens. C’est en dent de scie, ce qui empêche d’entrer à fond dans le concert. C’est pas grand-chose à taffer, parce qu’il y a du potentiel, l’attitude est là, quelques morceaux fers de lance aussi !
Je monte m’intoxiquer dans le fumoir (cette invention du Diable). Cigarette fumée : une, ressentie : 5.
L’enchainement des concerts est un peu trop rapide pour le barman qui officie seul (SEUL !) pour 200 personnes, c’est donc accoudé au comptoir en soupirant que je regarde la début du set de Zaho de Sagazan.
Je file aussi vite que possible devant la scène car, comme prévu, il se passe un truc.
Tout est en place, fluide, intense, juste. Il n’y a rien à redire, c’est un plaisir continu durant 30 minutes, une sensation gourmande qu’on voudrait étirer.
Zaho de Sagazan n’a pas encore sorti un seul titre mais on (je ?) sait déjà que dans un an ou deux elle remplira des Zéniths car elle a tout pour devenir une star.
Les textes, l’attitude, les compositions, la voix, l’humour, la sincérité. Et ce nom, quand même !
C’est pour ce genre de moment que je me tape des centaines de concerts par an, et je peux vous dire que c’est rare.
Alors qu’est-ce qu’on fait après un truc pareil ? Mis à part reprendre un gin tonic pour s’en remettre, je ne vois pas trop.
Je suis avec des gens qui ont vu Uzi Freyja il y a une semaine et qui veulent déjà les revoir alors je fais confiance. Bien m’en a pris.
C’est Kelly Rose, la chanteuse, qui fait tout le sel du projet. Elle est drôle, vindicative, emporte tout sur son passage et nous laisse ravis, dansants, riants, sur le bord de la scène.
Et une anecdote à base de poulet fini de me régaler !
J’ai abandonné tous mes plans annexes, j’accepte de rester au même endroit toute la soirée, on n’est pas obligé de faire des kilomètres tous les soirs. Je verrai mes brestois prèf (Bantam Lyons) bientôt j’espère (et pour Antoine Wielemans, c’est bon, c’est rattrapé !).
Gargäntua enchaine dans la salle du bas, ça me convient tout à fait de les revoir debout cette fois-ci.
Le chanteur s’est rasé le crâne et il n’y a pas la place d’installer l’écran en fond de scène alors on perd un peu dans la symbolique humoristico-sataniste qui fait l’intérêt du live. Mais les morceaux sont tellement efficaces que ça n’empêche pas les gens de pogoter en hurlant « J’AI MIS LE FEU À NOTRE-DAME POUR TE DÉCLARER MA FLAMME » !
Ils sont programmés dans tous les festivals de l’été à venir (finger crossed), vous avez peu de risques de passer à côté.
Résultat, je suis restée tout le set et malheureusement je n’ai vu que le dernier morceau de Minuit Machine.
Là-dessus, c’est fini, merci bonsoir, videz les lieux car c’est l’heure pour nous d’ouvrir en mode boite de nuit et de faire de l’argent, pas comme avec vous pauvre cultureux qui ne payez même pas de tournées à vos collègues.
C’est ennuyeux car j’aurai bien vu encore des concerts (et bu encore des bières). Il est trop tôt pour l’after, trop tard pour se résigner à aller au Parc Expo. Cela dit, mon corps me signale que le mini empanadas de ce midi ne vas pas suffire à tenir jusqu’au lendemain et qu’il serait bien aimable de songer à manger solide.
On se lance donc dans une ballade nocturne à la recherche de nourriture (genre des frites, on est pas difficiles) et il s’avère qu’à minuit, en plein festival, c’est + difficile que prévu. Même le Quick ne fait plus qu’à emporter (c’est dire où j’en étais pour accepter une telle proposition).
Ce sera le même constat les trois soirs, l’ambiance est morne, les rues sont vides, l’absence de la fête foraine triste. Nous finissons place Ste Anne, dans un snack dont l’odeur de friture restera accrochée à mon manteau en souvenir.